Ce site a été mis au jour en 2014 par Christian Chevillot (Docteur en Histoire, chercheur associé au CReAAH de Rennes, président de l’association ADRAHP). Les prospections qu’il y conduit ont permis de confirmer l’existence d’une vaste agglomération gauloise s’étendant sur plusieurs dizaines d’hectares (probablement plus de 40 ha). Il apparaît désormais que La Peyrouse appartient aux premières grandes agglomérations qui se développent au cours du IIIe s. avant J.-C. à l’échelle européenne, et qui concentrent d’importantes activités artisanales et commerciales. Peu de sites de ce type sont connus dans le Sud-Ouest et plus largement en Gaule, ce qui le rend particulièrement intéressant pour appréhender cette phase précoce de l’urbanisation celtique.
Le cadre de ces fouilles ? C’est le projet « RAPSODIE », un projet de recherche financé par la Région Nouvelle-Aquitaine (2019-2022) dédié à la reconnaissance des agglomérations protohistoriques du Sud-Ouest de la France. En effet, les grandes agglomérations celtiques qui se sont développées au IIIème siècle avant J.C, de l’Atlantique aux Carpates, sont méconnues. Plusieurs d’entre elles étant attestées en Nouvelle Aquitaine, ce projet va permettre d’explorer 5 sites archéologiques dans la région : 2 en Dordogne, 2 en Lot et Garonne, 1 en Gironde. Ce projet est porté par Eneko Hiriart ainsi que Vivien Mathé (Maître de conférences HDR, laboratoire LIENSs, université de la Rochelle) ; il va également mobiliser une doctorante durant trois ans (Juliette Hantrais, doctorante à l’université Bordeaux Montaigne, IRAMAT-CRP2A).
Des études préalables non invasives (prospections géophysiques par méthode magnétique) financées par l’université Bordeaux Montaigne (2018-2019) (cf. notre article concernant la campagne 2019) avaient permis de confirmer l’existence d’une occupation s’étendant sur plusieurs hectares et de relever des structures pouvant renvoyer à des zones cultuelles, d’artisanat ou d’habitat sur le site de La Peyrouse.
Le projet Région démarré en 2019 permet de poursuivre ces investigations. Cette année, une fouille archéologique a été organisée à La Peyrouse, financée par le Service Régional de l’Archéologie Nouvelle Aquitaine et le département de la Dordogne. Dirigée par Eneko Hiriart, elle s’est déroulée au mois d’août et s’est effectuée au beau milieu de l’exploitation agricole (truffière privée) présente sur le site avec l’aimable collaboration de son propriétaire, M. Philippe Gay.
La fouille s’est concentrée sur un bâtiment quadrangulaire, long de 25 mètres, identifié via les prospections géophysiques antérieures, et situé au point sommital d’un vaste plateau calcaire (promontoire). Le plan de ce bâtiment se révèle très proche de celui d’autres sanctuaires du second âge du Fer connus en Gaule. Les premiers éléments d’investigation de la fouille semblent indiquer qu’il s’agit bien là d’un ancien sanctuaire celtique. Ce qui constitue une première pour la région Aquitaine.
Tête de Silène sur céramique à vernis noir découverte sur le site – Photos de la fouille 2020 – Clichés Christian Chevillot
De nombreuses traces d’occupation et de vestiges vraisemblablement liés à des pratiques cultuelles ont été découvertes sur le site : armement, céramique, vaisselle d’importation méditerranéenne, amphores, faune, vestiges humains.
Un PCR – Projet Collectif de Recherche – devrait voir le jour dans les mois qui viennent (2021) sous la direction de Eneko Hiriart. L’objectif est de franchir un palier supplémentaire dans la connaissance de cette agglomération gauloise et antique à travers le croisement de différentes approches (géophysique, radar, géomorphologie, palynologie, prospections pédestres, fouilles…). Il s’agit notamment de mieux cerner l’environnement du site à l’époque gauloise et d’appréhender les différentes activités (on pense notamment à la métallurgie du fer) qui ont contribué à l’essor de l’agglomération celtique.
Parmi la douzaine de fouilleurs présents cette année, on comptait également un ingénieur LabEx (Clément Coutelier, Ausonius) chargé de réaliser la couverture photo et cartographique du site par drone.
La fouille du sanctuaire reprendra en 2021. D’autres secteurs stratégiques du site seront en particulier sondés.
Adossé à la fouille, un projet social devrait voir le jour dans les mois qui viennent, en collaboration avec le Foyer de Vie La Peyrouse, établissement médico-social accueillant des résidents en situation de handicap.
Propos recueillis par Catherine de NOTER, responsable valorisation du LabEx LaScArBx