Dater Lascaux : un retour sous terre

Si l’étude des parois peintes et gravées, notamment renouvelée par Norbert Aujoulat au cours des années 1990, conduit à inscrire l’art de Lascaux dans une chronologie stylistique donnée, l’analyse des assemblages archéologiques semble, de son côté, nous conter une histoire sensiblement différente malgré les liens, suggérés de longue date, entre sols et parois.

Parallèlement à une réévaluation interdisciplinaire du registre archéologique de la grotte menée dans le cadre du projet LAsCO (2018-2020), de nouvelles datations 14C AMS, réalisées par le laboratoire ORAU d’Oxford à partir de plusieurs restes de faune exploités, permettent de renouveler significativement le cadre chronologique des occupations paléolithiques. Les résultats, publiés dans la revue Paleo, confirment les deux hypothèses posées en préalable de cette l’étude. Ils illustrent, d’abord, la remarquable synchronicité des différents ensembles analysés, déjà largement suggérée par la forte homogénéité typo-technologique des industries auxquelles les restes datés sont associés. Enfin, ces nouvelles données chronologiques se révèlent être en parfaite cohérence avec les hypothèses actuelles d’attribution de ces mêmes industries à une phase charnière entre les traditions culturelles du Badegoulien (23-21 mille ans avant le présent) et du Magdalénien (21-14 mille ans avant le présent). Les vestiges matériels abandonnés dans la grotte résulteraient en effet d’une (ou de plusieurs) occupation(s) située(s) quelque part entre 21,5 et 21 mille ans avant le présent. La fréquentation de la grotte est ainsi rajeunie de 1000 à 1500 ans par rapport aux âges obtenus à la fin des années 1990, âges sur lesquels une partie de la communauté scientifique s’appuie pour rattacher tout ou partie du dispositif pariétal de Lascaux au Solutréen supérieur (circa 24-23 mille ans avant le présent).

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